YOUOU! Y a quelqu’un? Je cherche une oreille, ou deux ou trois…
Je suis Gaspésienne et mes ancêtres étaient des Acadiens. J’ai un drôle d’accent comme mes parents de Bonaventure. Mes origines marquent fortement mes projets artistiques. J’aime voyager, déambuler, marcher et me perdre parfois. Que je sois aux États-Unis, en Europe ou en Afrique ou ailleurs, je me présente fièrement (naïvement aussi, je fais un peu exprès) -Je viens de la Gaspésie et mes ancêtres étaient Acadiens. Une gêne s’installe et je précise rapidement – -Le Québec ! Xavier Dolan. -Le Canada ! Céline Dion. Parfois, je vous le donne en mille, je dois continuer, – L’Amérique du Nord ! Et cela redevient flou parce que l’Amérique du Nord, c’est grand. Je vis une grande frustration à chaque fois que je me présente, c’est pourquoi je voyage toujours avec un napperon de table plastifié plié en deux de la carte de la Gaspésie et à l’endos (toujours plastifié) des photos de ma belle Gaspésie, les gens n’en reviennent pas, la mer, les montagnes, les phoques, les oiseaux, les maisons, la pêche, le kayak et c’est quoi ça…le Rocher Percé, ouais! Ils ont les yeux rêveurs mais ils n’ont rien vu, ce ne sont que sont que de toutes petites photos, je vous le dis. Qui dans le monde connaît la Gaspésie? Je pense que la Gaspésie gagnerait à être plus connue, pourquoi? Simplement parce que c’est beau et que les gens sont accueillants. C’est énorme déjà.
Quand je raconte aux étrangers l’histoire de l’Acadie, le génocide et tout, personne ne sait, ils écoutent, ils se taisent. Je leur chante des chansons de la vieille France d’où nous sommes originaires, puis viennent les chansons acadiennes, enfin les chansons du Québec. Parfois ils pleurent, ils ne comprennent pas comment on peut ainsi tuer, exterminer un peuple en brûlant leurs maisons, en volant leur bétail et en les chassant de leur territoire, les Godhams! Oui je sais, il faut en revenir mais, il faut ne pas oublier.
Ma mission: faire connaître la Gaspésie, la belle Gaspésie mais la même Gaspésie qui en arrache économiquement, une Gaspésie oubliée par les politiques, trop loin de Québec et de Montréal. S’il est important de sauver les ours polaires, les rainettes, les baleines et les abeilles, il est tout aussi important de sauver et de relever la Gaspésie vidée de ses enfants au profit des villes. Comment ferons-nous? D’abord il faut la connaître, la faire connaître et enfin se mettre action. Bienvenue en Gaspésie!